Journée mondiale de lutte contre le sida: Mettre fin à l’épidémie du sida dans le cadre des objectifs de développement durable

Chaque année, le 1er décembre est l’occasion d’une mobilisation mondiale contre le sida, où des actions d’information, de prévention et de sensibilisation sont conduites. Cette journée est aussi celle de la mémoire et du souvenir en l’honneur des personnes décédées de la maladie. Cette année, elle est sous l’égide de la stratégie "Fast Track" de l’Onusida, qui prévoit l’accélération pour mettre fin à l’épidémie du sida en tant que menace à la santé publique d’ici à 2030, tel que retenu dans les objectifs pour un développement durable de l’agenda 2030.

Les faits et les chiffres, dans le monde, en Europe, au Luxembourg

Les succès des dernières années sont remarquables et il y a encore 15 ans de cela que personne n’osait y croire. Aujourd’hui, presque 16 millions de personnes séropositives ont accès au traitement antirétroviral de par le monde, l’objectif de la campagne mondiale "traitement 2015" qui prévoyait de mettre sous traitement 15 millions de personnes d’ici le 31 décembre 2015 a été dépassé déjà au printemps de cette année. Presque la moitié des personnes en ayant besoin se trouvent aujourd’hui sous traitement. Le traitement antirétroviral permet aux personnes infectées par le VIH de vivre des vies saines et heureuses mais va bien au-delà encore en contribuant à la prévention de la transmission du VIH, surtout pour les groupes et personnes à risque.

Pendant les 15 dernières années, le nombre de nouvelles infections a baissé de 35%, se situant à 2 millions en 2014, et le nombre de décès liés au sida a baissé de 25%, avec 1,2 millions de décès. 73% de femmes enceintes ont accès aux services d’élimination de la transmission de mère à enfant, ce qui a su réduire les nouvelles infections des enfants de 58%. Par contre, il faut noter qu’il reste beaucoup à faire dans la lutte contre le VIH auprès des enfants, au niveau des traitements ARV pédiatriques, des diagnostics, etc. Uniquement 32% des enfants ayant besoin d’un traitement y ont accès.

L’Afrique subsaharienne reste la région la plus touchée, avec 70% des nouvelles infections.

La région européenne de l’OMS a enregistré en 2014 le plus grand nombre de nouveaux cas de VIH depuis le début de la collecte des données! Dans certains pays de l’Europe centrale et de l’Est les cas ont plus que doublé. En Europe, c’est la communauté des hommes ayant des relations homo-et-bisexuelles qui est la plus touchée, suivie de près par les personnes injectant des drogues par voie intraveineuse.

Au Luxembourg nous avons enregistré un triste record de nouveaux cas en 2014, avec 96 personnes séropositives. En 2015, jusqu’au 25 novembre, 78 nouveaux patients ont été comptés, 54 hommes et 24 femmes. Le taux d’infections reste donc à un niveau élevé même s’il semble se dessiner une baisse par rapport à 2014.

Le mode de contamination principal sont les rapports hétérosexuels, suivis des rapports homo-et-bisexuels et des injections de drogues par voie intraveineuse qui sont à égalité.

C’est le problème de la hausse importante des nouvelles infections chez les injecteurs de drogues qui est le plus alarmant.

Actuellement, environ 1.000 personnes vivent au Luxembourg avec le VIH, dont 25% ignorent leur statut sérologique.

Il est donc essentiel de développer des campagnes d’information et de sensibilisation ciblées envers les toxicomanes et les prostitué(e)s, de rappeler les messages de prévention et de protection, c’est-à-dire le port systématique du préservatif lors de relations sexuelles avec un partenaire dont on ignore le statut sérologique, et d’encourager la détection précoce grâce au test VIH, afin de débuter le traitement le plus tôt possible et de réduire ainsi le risque de nouvelles contaminations.

Le Luxembourg et la lutte contre le sida

L’action du Luxembourg dans la lutte contre le sida est menée tant au niveau national qu’au niveau international avec une collaboration étroite entre le ministère de la Santé et la Direction de la coopération au développement et de l’action humanitaire du ministère des Affaires étrangères et européennes.

La Coopération luxembourgeoise met en œuvre cette action à travers son soutien aux organisations internationales compétentes dans le domaine (OMS, Fonds mondial, Onusida, etc.), ainsi qu’à travers des ONG nationales et internationales, telle qu’ENDA-Santé qui est basée au Sénégal et travaille en collaboration avec l’ONG luxembourgeoise Stop Aids Now/Access dans la région d’Afrique de l’Ouest.

Les objectifs de développement durable prévoient de mettre fin à l’épidémie du sida en tant que menace à la santé publique d’ici à 2030 et aujourd’hui nous disposons du savoir-faire et des outils pour réaliser cet objectif ambitieux – les succès de la dernière décennie le montrent bien. L’OMS publiera des nouvelles lignes directrices ce 1er décembre guidant le monde dans l’atteinte de cet objectif ambitieux.

Or, il n’est pas question de baisser les bras, il faut continuer à investir! Le Fonds mondial lance ce mois-ci sa 5e campagne de reconstitution des ressources couvrant la période 2017-2019 et les besoins financiers pour arriver à la fin de la lutte contre le sida restent dans les milliards. Une autre évolution très positive ces dernières années a été l’augmentation énorme en investissements nationaux des pays en voie de développement, plus de la moitié des fonds aujourd’hui viennent de sources nationales.

La campagne d’accélération de l’Onusida met l’accent sur le lieu et la population, une lutte contre le VIH plus ciblée et plus concentrée sur la personne. Des lieux et populations à haut risque qui ont été laissés pour compte dans le passé sont maintenant le focus des efforts. Avec cette concentration ciblée, on s’attend à doubler le nombre de personnes sous traitement et réduire à moins de 500.000 le nombre de nouvelles infections et le nombre de décès d’ici à 2020. Ceci est en ligne avec le nouvel objectif de traitement 90-90-90 où le Luxembourg a pris un rôle de pionnier pour soutenir l’Onusida et où Marc Angel, président de la Commission des Affaires étrangères de la Chambre des députés, en est l’ambassadeur spécial. Un accent spécifique est mis sur le dépistage comme un grand nombre de personnes ignorent encore leur statut sérologique. Un dépistage renforcé aidera ainsi à mettre sous traitement un plus grand nombre de personnes, leur permettant ainsi de supprimer leur charge virale (objectif cascadant).

N’oublions pas que le VIH touche encore disproportionnément les groupes vulnérables parmi lesquels comptent aussi les femmes et les jeunes filles, et ce surtout en Afrique sub-saharienne. Les efforts ne doivent donc pas rester verticaux, il s’agit d’adopter une approche multisectorielle qui renforce les systèmes de santé nationaux; prévoit des systèmes de protection sociale; promeut l’accès à l’éducation; met l’accent sur les droits de l’Homme, le droit à la santé et la santé et les droits sexuels et reproductifs et ce dans un esprit d’accès équitable pour toute personne avec zéro stigma et discrimination.

Campagne du ministère de la Santé: lutter contre la stigmatisation et l’exclusion

De nombreuses personnes VIH+ vivent toujours dans la stigmatisation, la peur et l’exclusion.

C’est pour cette raison que la campagne du ministère de la Santé de cette année cible la discrimination et la stigmatisation des personnes VIH+ sur leur lieu de travail. Elle thématise l’ignorance, les peurs irrationnelles d’une contamination potentielle et les préjugés concernant les modes de transmission. Elle veut informer et encourager des relations humaines et professionnelles respectueuses avec l’entourage et entre collègues de travail.

Grâce aux médicaments modernes, les personnes VIH+ sous traitement bénéficient d’une bonne qualité de vie et ont une espérance de vie presque normale. Elles peuvent travailler efficacement dans leur métier et profiter de leurs loisirs comme les autres. On peut donc bien vivre aujourd’hui avec le VIH, mais pas avec la discrimination. La discrimination et la stigmatisation contribuent à isoler socialement les personnes concernées, et souvent à les précariser. Le seul remède est l’information, la parole, l’écoute et le respect mutuel.

Soirée de solidarité: STOP AIDS NOW

La journée mondiale de lutte contre le sida n'est pas la seule occasion de revenir sur ce dossier brûlant, mais en insistant sur le fait que nous devons être tous ensemble contre le sida, elle a toute sa place dans le calendrier des journées internationales. Durant la soirée du 1er décembre 2015, l’HIVberodung de la Croix-Rouge et Stop Aids Now/Access ont organisé une soirée de solidarité à Luxembourg-Bonnevoie, qui sera inaugurée à 18h30 par la ministre de la Santé, Lydia Mutsch.

Communiqué par le ministère de la Santé / Direction de la coopération au développement et de l'action humanitaire

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