Romain Schneider a présenté les priorités de la Présidence luxembourgeoise devant la commission DEVE du Parlement européen

©European Union 2015 Romain Schneider a présenté les priorités de la Présidence luxembourgeoise devant la commission DEVE du Parlement européen
Romain Schneider a présenté les priorités de la Présidence luxembourgeoise devant la commission DEVE du Parlement européen

Romain Schneider, ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire, est intervenu le 22 septembre 2015 devant la commission du Développement (DEVE) du Parlement européen à Bruxelles pour présenter les priorités de la Présidence luxembourgeoise en matière d’aide humanitaire.

Le Luxembourg facilitera le débat dans le cadre du sommet humanitaire mondial en vue d’une position européenne commune réaffirmant les principes humanitaires. Les deux autres priorités sont la coordination entre acteurs humanitaires et ceux de la protection civile suite à des catastrophes naturelles ainsi que le volet de la protection en situation de conflit.

L’objectif est de rendre le système humanitaire plus performant et efficace

En introduction, Romain Schneider a esquissé un tableau du contexte de l’aide humanitaire. L’Union européenne est "un acteur humanitaire reconnu à l’échelle internationale" tant pour son aide financière que pour son expertise, a souligné le ministre. Mais "le paysage des crises humanitaires ne cesse d’évoluer et d’empirer", mettant le système humanitaire "à rude épreuve", a-t-il constaté. "Le système humanitaire tel que nous le connaissons a besoin d’une refonte substantielle", estime par conséquent le ministre qui a présenté aux eurodéputés les trois priorités de la Présidence luxembourgeoise, qui ont pour "objectif commun de rendre le système humanitaire plus performant et efficace", conformément au Consensus européen sur l’aide humanitaire et aux principes du "Good Humanitarian Donorship".

La première priorité de la Présidence luxembourgeoise en matière d’aide humanitaire est d’agir de façon proactive pour que l’Union européenne parle d’une seule voix lors du premier Sommet humanitaire mondial qui se tiendra à Istanbul en mai 2016. Romain Schneider a décrit aux parlementaires la façon dont il veut parvenir à une position européenne commune suite à l’adoption par la Commission européenne de sa communication sur ce sommet. Il veut notamment inscrire un débat d’orientation sur le sommet humanitaire mondial à l’ordre du jour du Conseil Affaires étrangères Développement du 26 octobre 2015, et suggère l’élaboration de conclusions du Conseil à son issue.

Ce Conseil permettra aussi de "débattre non seulement des lacunes du système humanitaire mais aussi de regarder plus loin et d’aborder la question des ajustements que nous devons apporter aux instruments humanitaires de l’UE", a poursuivi Romain Schneider. Il espère que les questions systémiques de l’action humanitaire continueront à figurer à  l’ordre du jour du CAE/développement au-delà de cette date.

La deuxième priorité de la Présidence luxembourgeoise touche à la coordination entre les acteurs de l’action humanitaire et de la protection civile. Dans la foulée des travaux menés sous Présidence italienne, Romain Schneider a expliqué que le débat serait centré sur l’identification d’actions concrètes afin d’améliorer la coopération entre ces deux communautés. Un atelier qui s’est tenu au Luxembourg en juillet a permis d’établir 11 recommandations, dont certaines devraient être mises en œuvre au niveau européen. "Il y aura probablement une liste d’actions prioritaires qui sera discuté lors des prochaines réunions conjointes au Conseil", estime le ministre.

La troisième priorité est liée à la protection des personnes les plus vulnérables en situation de conflit, a expliqué Romain Schneider. La Présidence luxembourgeoise entend plaider pour:

  • affirmer l’universalité de l’impératif humanitaire,
  • souligner l’importance de l’accès des acteurs humanitaires aux populations affectées par des conflits et leur implication dans toute programmation humanitaire,
  • rappeler à toutes les parties prenantes l’obligation d’assurer la sécurité et la protection des travailleurs et structures humanitaires et
  • renforcer les capacités d’autoprotection des personnes et communautés affectées.

Romain Schneider entend lancer un débat entre États membres au sujet du financement pour les programmes de protection et il a annoncé aux députés que la Présidence et la Commission soumettront un document de réflexion présentant quelques pistes concrètes visant à rendre plus flexible le financement des États membres en la matière.

"Notre responsabilité première consiste à garantir que les victimes les plus vulnérables du conflit syrien aient droit à une aide humanitaire en toute dignité"

"Nous suivrons les grandes crises humanitaires internationales tout comme les crises oubliées", a ajouté Romain Schneider à la liste des priorités de la Présidence. Il a notamment mis l’accent sur les leçons qu’il faut tirer de l’épidémie d’Ebola, un sujet qui fera l’objet d’une conférence à Mondorf-Les-Bains au mois d’octobre. Les recommandations formulées par l’eurodéputé Charles Goerens dans son rapport sur la question seront "placées au centre des discussions", a assuré le ministre.

"Nous mettrons un accent sur le financement humanitaire", a indiqué Romain Schneider. La Présidence proposera de discuter des modalités telles que le financement pluriannuel, qui représente une importante base de planification pour les partenaires humanitaires, a-t-il expliqué. Au cours du débat qui a suivi, plusieurs parlementaires se sont inquiétés de voir mobilisés pour faire face à l’aide humanitaire des fonds destinés à l’aide au développement. Romain Schneider a répété combien les financements restent indispensables, même si l’on fait des efforts dans la coordination pour accroître l’efficacité de l’aide.

"Nous nous concentrerons sur le lien entre l’action humanitaire et le développement à long terme au Conseil", a précisé Romain Schneider en évoquant un atelier qui a eu lieu le 9 septembre sur la question de la violence à l’égard des femmes dans les situations de conflit. Le ministre a aussi fait référence à une session conjointe des comités COHAFA et CODEV qui sera consacrée en novembre au thème des crises de déplacement et des personnes en déplacement prolongée, sujet touchant directement au dossier de la migration.

"Nous plaidons pour que gouvernements, donateurs et autres acteurs adoptent une approche multisectorielle et lient davantage la recherche de solutions durables à leurs programmes humanitaires, de développement et de prévention - et ce dans une logique de résilience", a poursuivi Romain Schneider. "Les instruments humanitaires à eux seuls n’ont pas les moyens de s’attaquer aux véritables causes profondes des crises de déplacement prolongé", a-t-il souligné.

Le ministre a assuré son intention de continuer à appeler "les Etats membres à honorer leurs engagements dans le cadre des crises régionales prolongées auxquelles nous devons faire face aujourd’hui". "Suite à la lettre du Président Schulz du 16 septembre nous allons aborder entre Etats membres, au plus vite, la question de contributions supplémentaires pour le compte de l’UNHCR et du PAM dans le cadre de la crise syrienne", a assuré Romain Schneider à la veille d’un Conseil européen consacré pour partie à cette question.  Le ministre a annoncé aux eurodéputés l’intention du Luxembourg d’augmenter de 20 % sa contribution, tout en appelant à ce que l’UE donne plus. "Notre responsabilité première consiste à garantir que les victimes les plus vulnérables du conflit syrien aient droit à une aide humanitaire en toute dignité", a conclu Romain Schneider.

Plusieurs eurodéputés se sont interrogés sur l’exemple que donne l’UE donne au reste du monde dans la crise des réfugiés. L’UE est certes un important bailleur de fonds, mais il faut aussi qu’elle soit en mesure de concrétiser les principes qu’elle défend, ont argué plusieurs parlementaires qui voient dans cette crise "un test de crédibilité" pour l’UE. Romain Schneider a mis en exergue la complexité de la question, soulignant qu’un renforcement de l’aide humanitaire en Syrie et dans ses pays voisins est un volet de la solution, auquel s’ajoutent un volet interne, et des éléments relevant de la politique de développement, de la politique de retour ou encore de réadmission. Ce qui importe, c’est de "travailler sur les causes profondes", a-t-il souligné, en insistant sur le fait que l’aide au développement à long terme peut donner des perspectives à des pays peuplés majoritairement de jeunes gens.

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