Interview : Paperjam.lu (Nicolas Léonard)
Paperjam: La Coopération au développement et le Luxembourg, c'est une vieille histoire?
Paulette Lenert: C'est presque une tradition, avec une action publique qui est née dans les années 80. De nos jours, la Coopération au développement semble une évidence; à l'époque, cela ne l'était pas.
Paperjam: Quelle est la différence entre ce ressort et celui de la Protection des consommateurs?
Paulette Lenert: C'est justement cette ancienneté, alors que le ressort de la Protection des consommateurs est nouveau. Il y a déjà une équipe compétente et rodée qui est en place, des choses qui fonctionnent très bien. Et une stratégie qui a été présentée en septembre et qui va être appliquée.
Paperjam: Avec quatre objectifs principaux?
Paulette Lenert: Tout d'abord, améliorer l'accès aux services sociaux de base. Ensuite, la volonté de mettre un accent sur l'intégration socio-économique des femmes et des jeunes. Il y a aussi la gouvernance inclusive. Et enfin, l'aide à une croissance durable et inclusive. On est ici dans la coopération, l'aide à la mise en place de choses très concrètes, la mise en place de compétences locales.
Paperjam: On est loin d'une action paternaliste...
Paulette Lenert: Cela n'a plus rien à voir avec cela, en effet.
Paperjam : Quels sont les pays cibles?
Paulette Lenert: Dans les relations bilatérales, nous avons des actions prioritaires dans des pays de grande pauvreté, principalement dans sept pays, notamment d'Afrique subsaharienne. Il y a le Burkina Faso, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Cap-Vert, mais aussi le Laos et le Nicaragua. Mais nous apportons aussi de l'aide dans le cadre de coopérations multilatérales, via les grands organismes internationaux.
Paperjam: Et la contribution financière du Luxembourg n'est pas mince?
Paulette Lenert: Depuis 2009, c'est 1% du revenu national brut. Cela nous met en seconde position en Europe.
Paperjam: Et quel est l'apport de la Coopération pour le pays?
Paulette Lenert: Je pense, au-delà de la solidarité internationale, qui est nécessaire, que cela contribue par exemple au "nation branding". Nous sommes une place financière renommée, donc nous pouvons partager et exporter nos techniques de finance inclusive dans le cadre de la Coopération, et cela va rejaillir sur notre pays. Même chose au niveau des fonds d'investissement. Nous avons l'expertise pour aider à la création de fonds d'investissement durables.
Paperjam: Même constat pour l'aide humanitaire?
Paulette Lenert: L'aide humanitaire, c'est une aide immédiate, une réponse à une situation de crise. Dans ce domaine, il y a Emergency.lu, une plate-forme de communication de terrain en situation de crise ou en cas de catastrophe. Nous sommes sollicités partout pour cela.
Paperjam: On sent que ce ressort vous passionne...
Paulette Lenert: Je veux y apporter ma touche, y mettre mon accent. Le Luxembourg est une nation "digitale". On peut aussi apporter des choses en ce sens aux pays pauvres. La technologie peut être un outil d'éducation, d'émancipation des femmes, mais aussi de gestion des terres, de l'eau... C'est un travail que je veux mener avec les 95 ONG du pays, l'agence LuxDev.
Paperjam: Et le secteur privé ?
Paulette Lenert: Bien entendu. Je compte bien sensibiliser le privé à ces problèmes et impliquer ce secteur dans la solution de recherches innovantes.